307 – à l’ami (qui sauve la vie)

Dimanche 5 février

Je ne vois pas de différence fondamentale entre l’amour et l’amitié. Il doit dans les deux y avoir en tout cas cet élément commun qui est une sincérité absolue. Mes amis sont les quelques personnes qui savent exactement ce que je pense (et qui en savent potentiellement tout : quelles que soient leurs interrogations je ne devrai rien leur dissimuler).

L’amitié, comme l’amour, est une autorisation faite à l’autre de nous transformer, et par l’autre de le transformer. Ce sont là les uniques termes du contrat. Parfois, mais seulement quand c’est une question de vie ou de mort, il faut transformer avec violence. Il arrive que dans le même geste les amis sauvent notre amitié mutuelle et notre propre peau.

Je repense aux Banshees of Inisherin. Colm, s’il était réellement l’ami de Padraic, aurait dû lui apprendre la musique – du moins le lui proposer – pour qu’ils puissent en jouer ensemble. Qui sait ? de leur travail commun seraient peut-être nées des compositions bien plus belles et plus originales que toutes celles qu’il pensait faire, seul à sa table, dans son petit salon… Il ne s’est pas donné la chance de devenir meilleur et d’accomplir de plus grandes choses en aidant son ami à progresser. Il ne s’est pas offert cette chance en lui offrant ce cadeau. C’est dans ce point précis que réside toute sa vanité : il s’est cru plus fort seul.

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