Vendredi 22 novembre
J’aimerais bien garder quelque chose de la sensation ou l’ambiance dans laquelle la visualisation quasi simultanée des quatre épisodes de Jason Bourne et ceux de John Wick m’a plongée et ce, plusieurs jours au-delà du simple temps d’immersion. Les échos dans la temporalité par exemple (effets d’accélération identiques d’un film à l’autre, déroulement des duels à peu près similaire), ou encore dans la définition du héros, le dessin de ses contours (dans les deux cas, un tueur qui veut prendre sa retraite en est sans cesse empêché), et à l’inverse l’approche très contrastée de la narration (dans JB, le scénario quoique répétitif, est très travaillé ; dans JW, il est réduit au strict minimum. Idem pour la psychologie et l’histoire des personnages), tout cela a littéralement produit un double impact au creux de mon cortex cérébral.
Le problème est que, désormais que l’impression s’est presque entièrement dissoute, j’aurais le plus grand mal à mettre des mots sur celle-ci. Il y a quelque chose de fondamentalement insaisissable dans l’état dans lequel met ce genre de films d’action. Mais qu’est-ce que c’est agréable. Encore plus avec John Wick, je trouve, qui atteint une sorte d’économie minimale – non de budget bien sûr, mais de composition. Plus il se bat, plus on se sent au bord de la rupture. Moins le personnage parle, plus il est touchant. On est comme bercé, bercé par l’être produit : ses mouvements, sa mélancolie et son acharnement. Ce bercement n’est pas que cosmétique. Ce n’est pas juste un divertissement. Il tient d’une forme de vérité. Un petit bout de vrai. Enfin je crois. Mais si ce que je dis est juste, ce que j’ignore ou plutôt ne parviens pas à expliquer, c’est de quelle forme de vérité il s’agit exactement dans ces films. Est-ce parce que ces héros constitueraient des archétypes (1) ? Est-ce parce qu’ils doivent tout le temps composer avec la violence et la mort (violence et mort qui dans leur crudité, nous sont dans le monde réel tout le temps cachées (2) ? Est-ce parce que ces films, par leur violence continue, mettent dans un état de tension un peu étrange ? et alors, la seule vérité qu’on trouverait ici ce serait, précisément, la réalité de cette tension. Peu importerait en somme que celle-ci soit créée artificiellement ou non : le corps, lui, ne ment jamais. Et c’est sur ce fait que John Bourne et Jason Wick savent si bien jouer.
(1) Encore faut-il que l’archétype ait quelque chose à voir avec la notion de vérité, ce qui reste à prouver.
(2) Mais il faudrait pour cela que ces morts soient réalistes, ce qui n’est pas toujours le cas – il y a une stylisation, qui s’opère dans les mises à mort propres aux films d’action.