144 – perron (première marche)

Dimanche 30 janvier

Le premier jour j’allai à l’adresse indiquée sur le document de l’hôpital. Je m’avançai jusqu’à un grand immeuble en vieille pierre et me posai devant l’interphone. Par chance il y avait bien parmi la petite dizaine des noms inscrits un Frédéric Fossaert. Il vivait toujours là, deux ans après sa rupture avec Élodie. J’y songeai mais ne sonnai pas. Je n’avais aucune raison de lui parler. Rien à lui dire. L’envie de le voir me démangeait. Ne serait-ce que pour savoir à quoi il ressemblait. Quelle était son allure. Si Élodie avec moi avait perdu au change. Je traversai la route pour regarder la façade. Me postai contre le grillage du petit parc en face. L’heure de fin de travail n’était pas encore arrivée pour la plupart des citadins, le parc était vide, le soleil commençait à décliner. Rares étaient les lumières allumées dans ces grandes pièces hautes et aux fenêtres immenses. Tout semblait immobile à l’intérieur, très calme, tandis que dehors la circulation était dense. Sur les trottoirs les passants s’évitaient. Bientôt ils sortiraient par jets des bouches de métro. J’étais venu sans plan d’action. Le désir de voir ce type ne diminuait pas. Je restai ainsi quelques minutes. Reçus un texto d’Élodie : tu me rejoindras ce soir ? Puis finis par partir, les mains dans les poches. Le téléphone chauffait le creux de ma paume.

Je revins deux jours plus tard à la même heure. J’avançai à nouveau jusqu’à la grande porte mais cette fois appuyai du bout de l’index sur le bouton de la sonnerie de Fossaert. Sans hésitation. Silence. Sonnerie. Silence. Personne ne répondait, personne n’était là-haut. Je ne me retournai pas pour ne pas sembler louche. Sortis de ma poche un rouleau de scotch et une petite bande de papier avec lesquels je fis du découpage puis un peu de collage en insistant bien sur les bords latéraux pour cacher solidement le nom. Je revins cette fois à ma voiture que j’avais réussi à garer à distance convenable. Attendais en écoutant le début d’un podcast sur Richard Stallman, puis quelques morceaux d’electro-hip-hop, puis la fin de l’émission. Pendant ce temps-là je vis entrer dans l’immeuble tour à tour quatre personnes dont une femme un peu forte ; plus tard un adolescent blafard qui arriva en skate et le ficha pile sous son aisselle avec une fluidité admirable au moment même où il posait le pied sur la première marche du perron. Aucune des quatre premières personnes ne réagit en tapotant sur le digicode situé juste sous l’interphone pour entrer dans la cour de l’immeuble. C’est peu avant 18h qu’un homme vêtu d’une courte veste en cuir brun, s’y arrêta plus longtemps.

Cette étape de l’écriture est cruciale. Elle inaugure quelque chose de radicalement inédit : est en train de jaillir, doucement, à bas bruit, un roman à suspense. Voilà que je déroule une enquête, imagine un thriller. Invente à la fois une énigme et les moyens de sa résolution. Et veux obéir pour la première fois aux codes du genre. Écrire un vrai roman, pour paraphraser Cyrano accédant à un nouveau mode de discours, « c’est si délicieux, c’est si nouveau pour moi. » Ce serait un peu comme se mettre, après vingt ans à rejeter l’idée même de corps individuel, à faire du yoga plusieurs heures par jour. Ou après plus de quarante de refus de penser le passé, décider coup sur coup de se plonger trois mois entiers dans le XVIIIème siècle et faire de l’histoire familiale un objet littéraire.

Avoir plusieurs vies. Mais quelle chance.

143 – aise

Vendredi 28 janvier

Ainsi donc il existerait un monde parallèle où les candidats à la présidentielle se battent pour aller dans une émission intitulée Face à Baba, où Zemmour n’est plus chroniqueur chez un ancien comique, où une primaire de gauche est organisée en fanfare par des gens de droite et où il est admis par tous que la levée des restrictions sanitaires dépende du calendrier électoral. Je suis bien aise de n’en percevoir rien d’autre que le lointain écho qui m’en parvient quand, à la fin du mois, je survole les titres d’un journal auquel je ne suis de toute manière pas abonnée.

Le monde – le vrai – est de ce coté-là. Celui qui décide de s’y installer, rien ne peut l’en déloger.

Et soudain dans ce monde peut en surgir un autre encore, lorsque par exemple un visiteur de Malika se place dehors, amusé, derrière une fente du mur de son petit café, pour feindre d’être en prison. Un monde joyeux en un éclair. Toute l’intelligence dont nous sommes capables.

141 – épuisement

Vendredi 21 janvier

L’enfant refuse de faire son exercice, il fait mine de dormir. Soudain prend un stylo et se penche sur une feuille de classeur. Se met à écrire. Redresse furtivement la tête. Au bout de vingt minutes il se lève. Vient me montrer : une description minutieuse de ce qu’il voit et entend depuis le fond de la salle. Pendant qu’il lit à voix haute je cherche sur mon ordinateur. Je lui montre Tentative d’épuisement d’un lieu parisien. Il regarde avec curiosité. Presque incrédule. Interroge : c’est qui Perec est-ce qu’il est mort où c’est Sulpice. Regarde encore un peu. Repart épuiser, joyeux, sa propre tentative.

140 – intérêt

Mardi 18 janvier

Mais finalement peut-être que la seule chose qui compte vraiment et mérite d’être racontée, c’est la motivation. Dans quel but un personnage agit-il ? Pour obtenir quoi ? Motivation est encore trop psychologisant. Il faudrait parler d‘intérêt : pour expliquer des actes les sentiments seuls s’avèrent en effet trop volatiles : on les sait changeants, parfois doubles et contradictoires. Les sentiments purs n’existent pas. On peut avoir été éperdument amoureux d’une personne, puis se mettre à la détester pour les défauts mêmes qui attendrissaient autrefois. On peut aussi devenir absolument indifférent à son sort. Pris pour eux-mêmes, de tels changements sont tout simplement incompréhensibles. En revanche, si l’on se concentre sur l’intérêt, ce qui se saisit est bien plus clair, plus stable. Tout devient cohérent. Prenons un exemple que d’aucuns jugeront caricatural mais qui toutefois peut parfaitement (parce qu’il a pu) advenir dans la réalité. On peut toujours prétendre qu’un homme d’affaires a laissé les clés de son entreprise, la gestion de sa fortune personnelle aux mains de sa maîtresse par amour. Contre toute attente, il ne choisit pas un collaborateur qui l’accompagne et le soutient depuis plus de vingt ans pour prendre sa succession, mais cette jeune femme qui partage sa vie depuis quelques mois. Avec une telle formulation, nous nous laissons totalement impuissants face au constat d’un homme abandonnant soudain l’œuvre de sa vie en même temps que tout regard critique et son sens stratégique. Quelque chose échappe ici à l’entendement.

Il paraît plus juste et surtout beaucoup plus riche de comprendre que cet homme-là ne cède à aucun moment à l’irrationnel. Il fait en réalité un calcul, il est passé d’un intérêt à un autre. Alors même que s’achève sa longue carrière, il sait parfaitement qu’il ne séduira plus une telle femme. S’il ne veut pas se retrouver seul il doit tout céder à celle qui est encore à ses côtés au soir de sa vie. Peu importent la légitimité de l’élue, ses compétences (peut-être réelles d’ailleurs) ou son caractère (excellent ou non) : il lui est pieds et poings lié. Il n’y a pas autre chose à saisir, pas d’autre critère de décision. De ce point de vue-là le chef n’a pas le choix. Mais à l’inverse, léguer son bien à sa compagne reste pour lui le meilleur moyen de garder un œil sur son devenir et ainsi, un peu de son pouvoir. Voilà de quoi ajouter du piment à la lecture simpliste et à vraie dire souvent fade que l’on nous fait de certains rapports de domination. Dans cette histoire, personne n’est fou, aveugle, soumis ni même gâteux. Un accord tacite a été scellé.

Nous demander quels intérêts nous guident est ce qu’il y a de plus éclairant. La question devrait être posée également pour nos systèmes d’opinion et nos jugements « moraux ». Que nous apporte tel acte ? À quoi nous sert de penser ainsi, d’avoir cet avis ? Ce réflexe critique quand on accepte de s’y astreindre remet bien des choses à leur juste place. Or, et c’est là la principale difficulté, le véritable intérêt que suit une personne est presque toujours caché et rarement reluisant. Ceci expliquant cela.

À mon tour maintenant. Quand je me demande pourquoi mon narrateur mène son enquête, je ne parviens pas à trouver de réponse définitive. C’est cet élément que je dois creuser avant d’aller plus avant dans l’écriture. L’intérêt qu’il trouve à fouiller dans cette histoire ancienne, qui non seulement ne le concerne pas mais en plus le conduit à sa perte doit apparaître clairement car il sera déterminant. C’est lui qui engendrera presque « naturellement » à la fois le ton du récit, les gestes du narrateur et le modus operandi de l’enquête. Dans son Roman de Cambridge, Javier Marías avait choisi le désœuvrement comme principale raison de la mise en mouvement du héros. Tout au long de l’intrigue il agit (un peu) par amour et (beaucoup) par ennui. Les trames de nos deux textes sont proches mais je sais que je peux trouver mieux. Plutôt que des sentiments, je peux trouver un intérêt.

139 – retardement

Dimanche 16 janvier

Conversation avec un ami sur les manifestations de nos émotions. Il me fait remarquer avec raison que rien n’est plus délicat que lire avec justesse les sentiments d’autrui mais aussi les siens propres à cause de l’effet de « retardement » : il est rare qu’une émotion soit immédiatement suivie de signes extérieurs. Il faut parfois attendre plusieurs jours, plusieurs semaines et même davantage encore pour que ceux-ci deviennent visibles. Il s’avère alors particulièrement difficile de faire le lien de l’une aux autres.

Je n’avais pas pensé à cela car chez moi les sentiments – sans doute les plus superficiels – et leur manifestation sont quasi simultanés (ce qui prend de la place, y compris dans ma compréhension de la psychologie humaine). Mais il y a dans cet oubli autre chose que ma petite cuisine personnelle. Il me semble que l’art n’a pas vraiment cherché à montrer ce décalage. Au contraire la littérature et dans une moindre mesure le cinéma ont tendance à resserrer ce lien intériorité/signe extérieur, à le rendre patent. Précisément parce que l’art a pour spécificité et les artistes parfois pour objectif de révéler ce qui ne se voit pas. Ainsi dans ce cas précis, on aura tendance à « mentir » (exagérer, raccourcir, simplifier) pour mieux montrer la puissance d’un sentiment. Le personnage voit quelque chose, en ressent par exemple de la joie ou de la tristesse et agit aussitôt en conséquence.

D’ailleurs comment faire autrement ? Comment faire comprendre sans enfiler de gros sabots que si le personnage se comporte de telle manière, c’est à cause d’un événement antérieur, un événement qui entre-temps aura peut-être été oublié par le lecteur/spectateur ? Je manque d’exemples. Mais il en existe forcément (autres que des histoires de vengeance, bien plus fréquentes dans la fiction que dans la réalité). Être capable de produire ce type de décalage à la fois temporel et causal dans un roman qui se veut réaliste apparaît tôt ou tard comme une nécessité. Un indispensable casse-tête. À tenter, donc, mais encore.

137 – caractère

Mercredi 12 janvier

Agamautos était assez intelligent pour briller parmi les idiots, mais assez idiot pour s’en satisfaire. En conséquence de quoi les seuls êtres auxquels il s’attachait étaient ses faire-valoir. Bien sûr il s’en défendait avec force, jurant au contraire entretenir seulement des rapports francs et amicaux avec des pairs. Pourtant ceux qu’il aimait le plus gagnaient avec son affection l’étonnant privilège de se voir toujours évoqués par lui dans les termes les plus humiliants. Dans sa bouche chaque marque d’estime devenait un poison. Tôt ou tard, parlant de ses amis en leur absence, entre deux compliments il glisserait une anecdote à leur désavantage ; et c’est encore par excès de tendresse qu’il dévoilerait certaine confidence qu’en lui faisant, ils avaient cru naïvement qu’elle resterait secrète. Quand ils connaissaient un succès, il expliquait de quelle manière il les avait aidés. Quand c’était un échec, ils n’avaient pas voulu l’écouter. Quand il s’était avéré judicieux d’ignorer son avis, il ne le disait pas mais le clamait à tout va, afin que chacun voie en lui non plus celui qui se trompe, mais un homme rare et sincère, capable de reconnaître ses erreurs avec humilité. Enfin, s’il n’était intervenu en rien dans la réussite de l’un d’eux, il transformait ses éloges en exercice d’admiration qui pour finir laissait admirer bien davantage la noblesse de ses sentiments propres et sa fine rhétorique que l’ouvrage du frère. Agamautos n’en pouvait mais, il lui fallait étouffer sous sa présence ce à quoi il tenait et chérir ce qu’il pouvait étouffer. D’ailleurs, il n’était pas besoin de l’observer longtemps avec ses proches pour comprendre qu’en dernière instance il aurait toujours l’ascendant, et qu’à leur première tentative pour prendre leur envol – ou celle de le contredire, ce qui revenait au même -, il n’aurait qu’à leur donner une petite tape sur le bout du museau pour que les choses rentrent dans l’ordre. Aussitôt ils feraient allégeance. L’affront ainsi lavé, il leur serait permis de revenir à ses côtés dire ce qu’il disait déjà, mais moins bien que lui. Que toutes ces relations soient inégales ne le dérangeait pas : Agamautos aimait à se croire – et se dire – entouré d’êtres chers. Seul au milieu de sa cour il pourrissait sur place.

136 – plongeons

Dimanche 9 janvier

Le garçon : Attends. Laisse-moi me concentrer un peu.

La fille : Ok, Ok.

Le garçon : Non c’est juste que… je ne suis pas vraiment là.

La fille : Et si je sautais avant toi ?

Le garçon : Non je préfère y aller en premier. Si ça te va… Ok, Ok. (Il respire) Bon. Regarde en bas, Linus.

(Silence). Je te préviens, je vais hurler.

La fille : Moi aussi !

(Silence)

Le garçon : Mes genoux. Ils tremblent. Je venais de me décider à y aller et mes genoux se sont mis à flageoler. Il y a un cheveu qui flotte là-bas.

La fille : Ah oui ?… C’est décider de sauter qui a fait trembler tes genoux ? Quand tu le prends à la rigolade ça va, et quand tu deviens sérieux tu commences à trembler, c’est ca ?

Le garçon : … pardon, je ne t’écoutais pas.

La fille : D’accord, je me tais.

Le garçon : Non. Ta voix m’apaise.

135 – réglisse

Vendredi 7 janvier

Sortie de Licorice Pizza légèrement triste tant j’avais misé sur ce film. Triste parce que restée de marbre. C’est le Paul Thomas Anderson (PTA) de Boogie nights que j’ai retrouvé, et il n’est pas mon favori. Celui qui a du génie cisaille les rapports de force et les restitue avec à la fois crudité et subtilité. Parfois PTA voit tout, il saisit tout, à commencer par la rudesse des relations les plus fortes. Il donne alors la chair de poule. Parfois il s’adonne sciemment au seul plaisir de la forme et du rythme et cède alors à la facilité. Ici, malgré le foisonnement scénaristique, rien ne semble jamais complexe ni équivoque. Les personnages et leurs relations sont ou bien effleurés, ou bien trop explicites. Comme cette grande sœur dont l’heroïne Alana dit qu’elle est parfaite, raisonnable, et à qui elle reproche de critiquer ses choix amoureux, mais qu’on ne fera plus qu’entrapercevoir. La mécanique psychologique est simple. En entrant en scène, chacun donne le ton dès ses premières répliques (c’est leur fonction) ; donne tout puis disparaît. Aucun doute n’est possible, rien n’hésite. La virtuosité formelle, indéniable, du réalisateur fait le reste. Elle occupe littéralement l’espace et le temps du film. Mais le tourbillon donne lieu à des scènes de faible intensité. Amer et anisées peut-être (licorice signifie réglisse) ; colorées, cocasses, sûrement. Mais sans intensité. 

Gary (Cooper Hoffman), le jeune héros du film tombé amoureux d’Alana au premier regard, avait par exemple quelque chose, y compris physiquement. Il apparaît tour à tour enfantin, sérieux, un peu pataud, séduisant. Les traits du père défunt (Philip Seymour Hoffman), que l’on reconnaît au détour d’un plan, contribuent sans doute à l’émotion de voir un acteur naître à l’écran. Mais finalement, le personnage qu’il joue reste esquissé. Il est souvent très sûr de lui. Pourtant on ne perçoit pas ce qu’il peut faire de ce trait de caractère. Il monte des affaires, choisit à 15 ans la femme de sa vie et soudain ruine toutes ses chances sur un coup de tête. D’où lui vient son assurance ? Jusqu’où pourrait-il aller ? Qu’est-ce qui le meut au juste ? On ne le saura pas. De toute facon, après un début de film empli de sa présence prometteuse, il s’efface peu à peu jusqu’à perdre toute son épaisseur. 

Bien sûr il y a quelques moments amusants. Le coup de coussin derrière la tête de la vieille star méchante, exploiteuse d’enfants ; Bradley Cooper en sale type ; Sean Penn en sale type ; une descente de camion en marche arrière et silencieuse, à couper le souffle ; le sosie de Justin Trudeau en politicien impeccable et progressiste (cachant par ailleurs son homosexualité pour pouvoir être élu : la scène du restaurant est un des moments forts du film. Wachs s’avère avoir manipulé Alana, dont on voit le cheminement, de l’excitation d’être la petite bénévole désignée par le chef à la déconfiture). Et puis il y a Life on mars entre deux séquences. Mais comme il en faut pour tous les goûts et que PTA n’a jamais peur de trop en faire, ceux qui sont plutôt The doors en ont aussi pour leur argent. Décidément, on préfère quand le réalisateur résiste aux sirènes de la coolitude. Aucun doute pourtant, l’histoire entre Gary et Alana à elle seule suffisait.

Les critiques sont dithyrambiques. C’est qu’ils voient tous dans ce film l’expression de la nostalgie du réalisateur. La nostalgie sous la plume d’un critique est souvent synonyme de profondeur. Que la nostalgie à mes yeux ne soit pas un sujet est chose toute personnelle. Mais si celle-ci porte réellement le film, à vrai dire je ne l’ai pas perçue. Plus simplement, j’ai vu un joli récit avec une fin volontairement à l’eau de rose, dans la plus pure tradition de la comédie sentimentale américaine. Sans ses effets parasites et ses anecdotes cette histoire aurait pu devenir une grande histoire d’amour, puissante. Elle est restée un divertissement. Voilà qui s’appelle un rendez-vous manqué. Un sacré lapin, même.