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Lundi 5 avril 2021

Marilyn Monroe dans Niagara, d’Henry Hathaway 1953

Hier soir, vu Niagara, d’Henry Hathaway. Le film date de presque 70 ans. En regardant ce film que je n’avais pas revu depuis mon adolescence, j’ai été frappée non seulement par la démarche de bimbo entravée de Marilyn Monroe, actrice dont j’ai toujours admiré la beauté, mais encore par les mimiques qu’elle faisait en parlant. Certains plans ne semblaient conçus que pour la montrer en train de parler aux autres protagonistes, postée le plus souvent de trois quart face caméra afin de mieux mettre en valeur ses formes, tandis qu’elle bougeait ses lèvres de la façon la plus sensuelle possible (le film est un thriller). Voilà la participation de Monroe dans ce film : trois scènes à moitié nue, quelques autres où on la regarde s’éloigner en balançant son derrière et d’autres où elle nous fait une moue suggestive. On sent à chaque nouveau plan comment le réalisateur a fait comprendre très précisément à la star ce qu’il attendait d’elle – mais je crois qu’elle savait tout cela sans même qu’on ait à le lui expliquer. Dans ce film on sent toute la machine hollywoodienne, totalement déshumanisée, acharnée à réduire un corps vivant à l’équivalent d’une poupée gonflable. On sent l’appel de produit qui s’opère à tous bouts de champ.

Évidemment cela je ne le voyais pas à 15 ans. Je voyais la beauté de Marilyn et c’était beaucoup. Ce que je ne voyais pas non plus, et c’est peut-être le plus remarquable, c’est la façon dont l’industrie du cinéma de l’époque est parvenue à mettre en place un dispositif qui falsifie : on fait mine de diffuser au grand public un film bien sous tous rapports, où les méchants paient leurs crimes et la femme adultère est punie de mort violente, un film où la morale est toujours sauve, mais pour qu’à chaque prise de vue il soit donné de mater des fesses, des seins, une bouche. En 1953, le dispositif moral inhérent au cinéma n’a d’autre tache que de montrer ce que la morale réprouve au plus haut point.

En est-il de même aujourd’hui ? Continuons-nous à former des écrins de moralité pour mieux jouir de nos désirs inavouables ? Sommes-nous moins hypocrites ?

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