155 – bilan 1

Vendredi 18 février

L’immense avantage qu’il y a à écrire d’après un plan est qu’on n’est pas obligé d’avancer dans l’ordre du texte (on peut sauter un passage qu’on n’a pas envie de traiter tout de suite, revenir en arrière, etc).

Cela permet aussi de rester dans un rapport distancié, plus froid au labeur. C’était là ma motivation première pour le roman encore en chantier : je voulais aborder l’écriture comme un artisanat et non plus comme un moment à part où l’on entre dans une sorte d’état de transe. Cet état dans lequel j’ai parfois pu me mettre par le passé, je le précise, n’etait pas le produit d’une croyance ni d’une posture. Il était avant tout lié à des contraintes temporelles : ayant un emploi à temps plein, je me donnais trois-quatre mois pour écrire un texte. Trois mois à ne penser qu’à cela en dehors des heures de cours. Faire davantage aurait été tout simplement impossible, ou pour le moins déraisonnable. Ces données matérielles en général sont tues. Il faut au contraire les évoquer. On n’écrit pas avec de l’air. Il faut du temps et de l’énergie.

Cette fois cependant il s’agissait de tenter autre chose ; d’essayer un modus operandi plus paisible. C’est à dire travailler selon l’envie, le temps et la disposition d’esprit. Moins immersive, plus fluctuante, cette écriture nécessitait un plan pour ne pas perdre le fil de la narration.

Bien qu’infiniment plus satisfaisante – hors de question dorénavant de sacrifier une once d’équilibre physique, social et cérébral pour l’amour de l’art ! -, cette pratique nouvelle présente toutefois un inconvénient de taille : à la relecture, l’ensemble manque d’unité. On dirait que des morceaux de tissus différents ont été découpés et grossièrement cousus les uns aux autres (c’est bien cela qui a été fait. On ne parle pas de texte, de textile sans raison).

Il faudra désormais reprendre tout cela, phrase par phrase ; probablement aussi revoir la mise en page (je n’ai pas depuis hier des réminiscences de Zone totalement par hasard). Puis le passer au fer pour effacer les plis.

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