Jeudi 5 mai
1) Je bougeais en tous sens, sans toucher les tapis voisins. Levais les jambes alternativement. Ce n’était plus le rythme de la musique qui guidait les mouvements, mais mes genoux qui lui donnaient le tempo. Ils frappaient l’air chargé de vibrations sonores ; se fracassant sur moi elles s’éparpillaient de plus belle. Chacun de mes coups maintenait la cadence. Je ne devais pas flancher, ne pouvais me le permettre. La bonne marche du cours dépendait désormais de la puissance de mes rotules. Cependant, les brûlures dans les cuisses, le raclement dans la gorge et jusqu’au fond des poumons. La douleur aux poignets quand j’enquillais les pompes, les chevilles dures sous les sauts. Tout cela ne suffisait pas. Je m’épuisais en vain.
2) Je bougeais en tous sens, sans toucher les tapis voisins. Quand j’inspirais les vibrations sonores venues de toute la salle m’entraient dans l’œsophage. J’aspirais la musique. Puis je la recrachais. Plus lourde, plus brutale encore. Mais ce raclement de la gorge jusqu’au fond des poumons, les brûlures dans les cuisses. La douleur aux poignets quand j’enquillais les pompes, les chevilles dures sous les sauts. Tout cela ne suffisait pas. Je m’épuisais en vain.