Samedi 16 avril
Impossible de me concentrer en ce moment sur un livre, un film ou même un documentaire. Un cycle musique-sport-danse s’est ouvert il y a une bonne semaine, qui débouchera avec un peu de chance sur une nouvelle et salvatrice poussée d’écriture (car il serait grand temps). Les billets de critiques se feront sans doute plus rares dans Sarga, je m’en excuse auprès de mes innombrables bien qu’hypothétiques lecteurs. C’est ainsi, après tout l’énergie peut bien aller où elle veut.
Donc. Musique et comme à chaque fois qu’il faut se retrancher (aller puiser), répétition. Plus précisément : boucles de musiques répétitives. Exemples :
Le morceau de Buck 65 de la veille amène à cette vidéo :
qui amène à ce cher vieux morceau :
qui amène, alors qu’on est en droit de se demander tiens au fait mais que devient Tricky, à cette interview.
Quel dépaysement d’entendre la voix cassée, désormais bel et bien vieillissante, la voix magnifique car impossible de Tricky, avec en guise de cerise cet accent britannique. Quel plaisir également d’entendre sa voix ainsi doublée de celle, à peine moins singulière, de sa traductrice.
Moi qui, on l’aura compris, pour l’instant voudrais laisser aller les choses, je ressens une réelle gratitude en écoutant la manière si simple qu’a le musicien d’aborder son travail. Il faut aussi saluer la volonté d’effacement qu’il manifeste et qui, je crois, touche toujours quelque chose de très juste dans l’acte créatif :
J’adore jouer en deuxième partie dans une tournée parce que ce n’est pas moi qui suis la vedette, ce n’est pas moi qui suis mis en valeur. Et quand on ne doit penser qu’à soi, avoir les projecteurs sur soi seulement, c’est difficile. Il y a tant de talents. Vous savez, quand on vient du milieu du reggae, du sound system, on est habitué à travailler avec d’autres.
Et pour finir, à retenir, l’idée que l’écriture de Tricky se tient selon lui davantage du côté du féminin (sur le sujet, compliqué, lire ce billet). Combien d’hommes sont capables de dire cela ?
L’interview par Arnaud Laporte pourrait m’amener à cette émission plus récente dont l’invité était Christophe Fiat. L’auteur est en effet l’un des meilleurs représentants de la littérature répétitive contemporaine, déclamée de surcroît. Mais non, dans cette émission (et sans doute dans son roman autobiographique) on pense encore trop : ça c’est vraiment la plaie de la littérature.
Alors passons plutôt à cet excellent morceau de Chinese man, qui accomplit la prouesse de donner l’impression de ralentir encore et encore alors qu’il ne le fait, en réalité, qu’une ou deux fois :
qui amène enfin à ça :
, histoire de s’assurer que ce long détour – ce retour – par le rythme (car c’est d’abord cela que produit la répétition : du rythme) procède avant tout d’un élan fondamentalement ludique. Après tout, ne faut-il pas imaginer Sisyphe heureux ?
Note : J’accueillerai avec la plus grande curiosité toute suggestion de morceau ressassant !